Temps de lecture : 4 minutes


Face au constat alarmant de plus de 30 000 actes de violence annuels recensés dans les établissements de santé, le gouvernement a répondu en septembre dernier avec un plan ambitieux de 42 mesures visant à protéger les professionnels de santé tant à l'hôpital qu'en ville. Ce plan, fruit d'une collaboration étroite entre les ministères de la Justice, de la Fonction publique et des Solidarités, met l'accent sur la prévention, la sécurisation du cadre d'exercice et la formation des professionnels.
La sécurité des soignants : un réel enjeu
Lors d’une conférence de presse, la ministre déléguée chargée des Professions de Santé, Agnès Firmin-Le Bodo, a souligné l'importance cruciale de la prévention dans le combat contre les violences envers les soignants : « La sécurité des soignants est un enjeu majeur. Il est inacceptable que ceux qui nous soignent soient agressés. Ça ne doit pas être un frein à la volonté de certains de s’engager.». Quelle est précisément la réalité des violences envers les soignants ?
Professionnels de santé : une violence sous-estimée
Le constat est alarmant : « La moitié des infirmier(ère)s déclarent avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles », révèle un article d'infirmiers.com. Frappant, ce témoignage est à mettre en parallèle avec les données de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) qui relèvent depuis plusieurs années près de 20 000 signalements de violences à l’encontre de professionnels de santé par an. Ce qui représente environ 30 000 atteintes aux personnes (et 5 000 atteintes aux biens chaque année), contre seulement 1 200 recensés par l’Ordre des médecins en 2022. Une sous-déclaration évidente, alimentée par la réticence des professionnels à signaler ces incidents.
Un plan de 42 mesures pour inverser la tendance


Issu d'un « travail collectif » impliquant les ministères de la Justice, de la Fonction publique, et des Solidarités, le plan gouvernemental comporte 42 mesures où la tolérance zéro va être de mise pour les agressions physiques comme verbales, selon les termes de la ministre.
Ce plan s’articule autour de trois axes :
- Sensibiliser le public et former les soignants,
- Prévenir les violences et sécuriser l’exercice des professionnels,
- Déclarer les agressions et accompagner les victimes.
Prévention, sécurisation et formation des soignants
Les 42 mesures présentées ont été conçues pour prévenir les violences, instaurer un environnement apaisé et accompagner les victimes. Voici un tour d’horizon des plus déterminantes.
Prévention : agir en amont pour éviter les violences contre les soignants


Le premier axe, la prévention, se veut une démarche proactive pour endiguer les violences à la source. Une campagne d'affichage nationale, prévue pour le mois de novembre, vise à sensibiliser et à instaurer une culture de tolérance zéro envers les agressions. L'objectif est clair : transformer les mentalités et créer un environnement de travail plus respectueux.
Les sanctions pénales joueront également un rôle majeur dans la dissuasion. Le plan prévoit un renforcement des sanctions, incluant la création d'un délit d'outrage spécifique aux professionnels libéraux, alignant ainsi la protection juridique sur celle déjà en place pour les hospitaliers. De plus, les directeurs d'établissement auront désormais la possibilité de se joindre à la plainte d'un agent : « une manière de soutenir l’agent et même d’atténuer la crainte de représailles souvent à l’origine d’un renoncement aux poursuites ».
Sécurisation du cadre d'exercice : des mesures concrètes et innovantes
La sécurisation du cadre d'exercice est un élément-clé du plan, s'attaquant aux différentes facettes des risques encourus par les soignants. Une partie cruciale de cette mesure porte sur la formation des professionnels à la gestion de l'agression pour être en mesure « en amont, de déceler et prévenir une agressivité qui monte ». Cette formation pour apprendre anticiper et prévenir les comportements agressifs sera intégrée aux cursus initial et continu. Le gouvernement entend également former 150 000 professionnels au « brevet de secourisme en santé mentale » en 2025.
Les dispositifs d'alerte et de géolocalisation joueront également un rôle central. Souvent méconnus des professionnels libéraux effectuant des visites à domicile et des internes se déplaçant seuls la nuit, ces systèmes, tels que les bracelets d'alerte au coût moyen de 50 euros, seront promus et mis à disposition. Cette mesure vise particulièrement à assurer la sécurité des professionnels exposés lors de leurs déplacements, notamment en ville.
Le renforcement de la protection pénale fait également partie intégrante des moyens adoptés pour sécuriser le cadre d’exercice des soignants, afin d’apporter des réponses « le plus fermement e le plus rapidement possible ».
Autre point relevé par la ministre, « l'arrangement des bâtiments », en particulier dans les services d'urgences, qui sont parfois « mal conçus pour accueillir et gérer autant de flux, et gérer l'attente. Le gouvernement envisage de capitaliser sur les investissements prévus lors du Ségur de la Santé pour intégrer ces éléments dans les projets immobiliers, ou encore « inciter les collectivités » à déployer des caméras de vidéosurveillance ciblées.
Accompagnement des victimes : un soutien renforcé
Outre la prévention et la sécurisation, le plan met un fort accent sur l'accompagnement des victimes. Partant du constat que les professionnels signalent peu les violences auxquelles ils sont confrontés, le gouvernement cherche à les inciter davantage à signaler ou à porter plainte. Pour ce faire, des mesures concrètes telles que la systématisation de la prise de plainte dans l'établissement ou en cabinet seront mises en place afin de briser le cercle de la sous-déclaration en offrant aux victimes une voie plus accessible vers la justice.
L'amélioration de l'accompagnement des victimes passe également par une sensibilisation accrue aux dispositifs existants et à leur utilisation. L'objectif est de rendre ces services accessibles et connus de tous les soignants, contribuant ainsi à une meilleure prise en charge des victimes.
Face à la réalité des violences envers les soignants, le plan de 42 mesures se dresse comme une réponse déterminée du gouvernement. En ciblant la prévention, la sécurisation du cadre d'exercice et l'accompagnement des victimes, le gouvernement cherche à apporter une réponse complète pour inverser la tendance. L'objectif ultime étant d'instaurer un changement tangible dans la réalité quotidienne des professionnels de santé, en créant un environnement de travail où la sécurité et le respect prévalent.
Explorez notre sélection de produits destinés aux professionnels de santé, en vous renseignant sur notre service dédié au matériel pour professionnel de santé.